Vous êtes enseignant et vous souhaitez réaliser une sensibilisation au handicap dans votre classe ?

L’un de vos élèves se déplace en fauteuil roulant et vous aimeriez organiser une sortie scolaire entièrement adaptée ?

A Lyon, nous avons déjà organisé et animé une sortie scolaire en fauteuil roulant avec des élèves de terminale. Cela s’est avéré d’autant plus intéressant que nous avons couplé découverte de la ville et mises en situation, le tout ponctué de rappels sur la réglementation accessibilité. Tous étaient ravis du déroulé, y compris les enseignantes qui les accompagnaient.

C’est cette journée que nous vous racontons en détail dans cet article, afin de vous donner des idées d’actions de sensibilisation. Et peut-être aurez-vous ensuite envie de nous contacter pour en organiser une sur le même modèle !

1. Des sorties scolaires malheureusement peu accessibles

Vous avez peut-être déjà vu passer sur les réseaux sociaux des gros titres du type « Léa, interdite de voyage scolaire parce qu’elle est en fauteuil roulant ». Les raisons les plus souvent invoquées sont :

  • la non accessibilité des cars scolaires ;
  • la difficulté pour les enseignants à trouver des informations fiables pour organiser un circuit adapté ;
  • la rareté des hébergements collectifs avec une chambre aménagée pour les personnes à mobilité réduite ;
  • le financement du voyage, déjà onéreux à la base mais qui le devient encore plus avec les options d’accessibilité.

Cela a pour conséquence de réaliser le voyage sans l’élève en fauteuil roulant, voire de l’annuler complètement. Il est vraiment désolant de voir cela encore à notre époque, n’est-ce pas ?

Début 2018, nous avons été contactés par un professeur qui souhaitait réaliser une sortie scolaire en fauteuil roulant à Lyon pour une classe de terminale. En effet, parmi les élèves, il y avait Marine, une jeune fille qui se déplace en fauteuil roulant électrique et qui n’a jamais pu participer à une seule sortie scolaire depuis la classe de sixième. La raison ? Le manque d’accessibilité des transports scolaires, entre autres.

La fin d’année approchant, et les élèves allant bientôt se séparer en fonction de leurs différents choix d’orientation, une sortie sur Lyon a été envisagée. Mais leur professeur ne connaissait pas très bien la ville et n’avait pas trouvé d’offre pertinente sur Internet pour préparer cette sortie. En faisant quelques recherches sur l’accessibilité en fauteuil à Lyon, elle a découvert notre association et nous a contactés.

Le projet nous a beaucoup touchés et c’est avec grand plaisir que nous avons décidé de l’organiser ! Nous avons eu pour consigne de préparer un circuit accessible en fauteuil roulant dans Lyon, en mêlant découverte historique de la ville et sensibilisation au handicap.

2. Entre découverte historique de Lyon et mise en situation

Après plusieurs semaines de préparatifs, entrecoupées d’appels téléphoniques et de mails, le jour tant attendu est arrivé !

Ce matin de mars 2018, nous avons retrouvé les 24 élèves de la classe vers l’Opéra de Lyon, accompagnés de deux professeurs et de l’auxiliaire de vie scolaire de Marine.

Le groupe est arrivé à bord d’un car scolaire qui disposait d’une rampe élévatrice à la porte du milieu. Cette rampe a bien fonctionné, du moins le matin… Mais nous en reparlerons plus tard !

Notre circuit a débuté par la découverte du quartier des Terreaux. Nous en avons profité pour nous arrêter à plusieurs reprises devant l’une des spécialités de la capitale des Gaules : les murs peints, à l’image de la Fresque des Lyonnais célèbres. L’occasion de parler des Frères Lumières, d’Antoine de Saint-Exupéry et de son Petit Prince, ou encore de la marionnette Guignol.

Parallèlement aux explications données sur les lieux visités, nous avons rapidement abordé les questions liées à l’accessibilité en fauteuil roulant en ville. Revêtement des sols, abaissement des trottoirs, entrées des commerces, signalétique…

Les élèves étaient déjà bien sensibilisés puisque leur camarade de classe Marine se déplaçait en fauteuil roulant électrique. Pourtant, ils se sont vite rendu compte que ce n’est pas la même chose de marcher à côté d’une amie en fauteuil roulant que de se déplacer soi-même en fauteuil, ou de pousser une personne en fauteuil manuel !

En effet, dès leur arrivée, nous avons proposé aux élèves de faire des mises en situation dans le fauteuil roulant manuel que nous avions amené. Les débuts ont été un peu difficiles mais rapidement, ils ont pris de l’assurance et se sont montrés assez doués !

Le plus dur aura été de traverser certains passages piétons. C’est là que l’on se rend compte qu’un simple ressaut de deux centimètres peut être un véritable obstacle et provoquer un risque de chute si l’on ne fait pas attention !

3. Un bâtiment historique peut être rendu accessible sans tout démolir !

Nos déambulations en ville ont également été l’occasion de parler de la réglementation accessibilité en France, en nous appuyant sur la fameuse loi du 11 février 2005, sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Une loi qui a pour ancêtre une autre loi vieille de plus de quarante ans, datée du 30 juin 1975. Cela ne nous rajeunit pas ! Et ce n’est malheureusement pas son âge avancé qui a permis à notre pays de se rendre complètement accessible. Il est vrai que des dérogations à l’accessibilité existent dans les cas suivants :

  • Impossibilité technique de réaliser les travaux d’accessibilité du fait de la situation physique de l’établissement (caractéristiques du terrain, présence de constructions existantes…) ;
  • Contrainte liée à la préservation d’un patrimoine architecturalurbain ou paysager ;
  • Lorsqu’il y a disproportion manifeste entre les améliorations prévues et le coût des travaux ;
  • Lorsque l’assemblée générale de copropriétaires d’un bâtiment, à usage principal d’habitation, s’oppose aux travaux de mise en accessibilité.

Toutefois, ce n’est pas parce qu’un établissement se trouve dans l’un de ces quatre cas de figure qu’il doit renoncer à toute amélioration. Il existe parfois des solutions toutes simples !

Nous sommes allés au Musée des Beaux-arts avec les élèves. L’entrée principale comprend de nombreuses marches et il est absolument impossible de les franchir en fauteuil. Toutefois, une entrée secondaire avec un ascenseur se trouve juste à côté. Elle permet de rejoindre le premier étage et de profiter du jardin du musée, véritable havre de paix dont on ne soupçonne pas la présence depuis l’extérieur ! C’est aussi le point de départ pour accéder aux différentes salles du musée, comme tout visiteur.

Concernant cette entrée secondaire, notons toutefois qu’elle n’est pas parfaite. Comme vous le verrez sur la photo ci-dessous, il n’y a pas de palier de repos au-dessus de la rampe d ‘accès et il est très difficile d’atteindre le bouton d’appel depuis son fauteuil pour se signaler. Un accompagnateur est donc requis, ce qui est dommage.

Vous allez peut-être penser en lisant ces lignes : « Oui mais tous les établissements qui reçoivent du public n’ont pas les moyens techniques et financiers pour installer un ascenseur ! »

Et vous avez raison ! C’est pourquoi nous avons montré un deuxième exemple de mise en accessibilité aux élèves, en leur faisant visiter la Chapelle du Musée des Beaux-Arts.

Depuis l’intérieur du musée, la seule façon de rejoindre la Chapelle est d’emprunter des escaliers car il n’y a pas d’ascenseur dans cette partie. En revanche, il existe une entrée secondaire en passant par une autre rue, avec… deux marches devant la porte !

Une fois prévenu de notre arrivée, le personnel du musée a installé deux grandes rampes métalliques par dessus les marches, afin que les élèves en fauteuil roulant les franchissent et accèdent à l’intérieur de la Chapelle. Tout simplement !

Comme quoi, on n’est pas obligé de tout démolir pour rendre accessible un bâtiment historique ! D’ailleurs, si vous cherchez une rampe d’accès PMR pour votre établissement, nous vous invitons à consulter la rubrique dédiée de l’entreprise Tous Ergo

4. Visite du Vieux Lyon et promenade en fauteuil au milieu des pavés

Après la pause déjeuner qui nous a permis d’échapper à la pluie (ouf !), nous avons poursuivi notre circuit dans le Vieux Lyon. Il a fallu redoubler de prudence car les rues sont très pavées dans ce quartier historique.

Heureusement, la rue Saint-Jean qui traverse le secteur comprend une rigole en son centre, ce qui constitue un passage plus ou moins aplani. Cela permet de rouler en fauteuil roulant sans trop de difficultés.

Lors de l’élaboration de notre circuit, nous avions fait en sorte de sélectionner des lieux culturels susceptibles d’intéresser les élèves et le Musée Cinéma et Miniature s’est révélé être un très bon choix. Plusieurs d’entre eux nous ont même dit que c’était la première fois de leur vie qu’ils avaient aimé visiter un musée !

En dehors de l’aspect attrayant que peuvent évoquer des noms comme Spider-Man, Harry Potter ou Star Wars, ce musée, construit dans une ancienne maison Renaissance, est encore un exemple intéressant de mise en accessibilité :

  • Juste à côté de l’entrée principale qui comprend une marche, les visiteurs en fauteuil roulant sont invités à emprunter une entrée secondaire de plain-pied. Une sonnette est prévue pour prévenir le personnel de leur présence ;
  • Après avoir roulé sur quelques pavés dans la cour intérieure d’époque (on ne peut pas les supprimer de partout!), un ascenseur permet de rejoindre tous les étages, à l’exception du niveau -1 ;
  • Des toilettes plus ou moins grandes (mais pas complètement aux normes) sont présentes à tous les étages.

Cette visite a également été l’occasion de montrer les difficultés que peuvent rencontrer les personnes en fauteuil roulant dans un établissement recevant du public :

  • Impossibilité de pousser ou de tirer les portes trop lourdes des différentes salles d’exposition sans demander de l’aide ;
  • L’importance d’un espace de circulation suffisant dans les salles pour voir les oeuvres, notamment lorsqu’il y a beaucoup de visiteurs ;
  • Le positionnement trop en hauteur des magnifiques miniatures au dernier étage ne permet pas de les voir depuis une position assise. Cela est regrettable car elles sont, de notre point de vue, le point d’orgue du Musée !

Nous avons ensuite montré à nos jeunes visiteurs ce qu’est une traboule, particularité lyonnaise qui permet de traverser des immeubles pour se rendre d’une rue à une autre.

5. Ultime péripétie et chaleureux remerciements !

A peine le temps de faire une photo souvenir devant la cathédrale Saint-Jean qu’il était déjà l’heure de se quitter ! Nous avons alors rejoint la place Bellecour, où le car scolaire attendait les élèves pour le trajet du retour jusqu’à leur lycée.

Tous nous ont remerciés pour ces quelques heures passées ensemble et pour les avoir sensibilisés à l’accessibilité. Beaucoup n’imaginaient pas toutes les difficultés que pouvait rencontrer leur camarade de classe au quotidien en fauteuil roulant. Les mises en situation leur ont beaucoup plu et c’est ce qui les a le plus marqués. Certains nous ont même dit que cela leur avait ouvert les yeux et que dorénavant, ils feraient plus attention à l’accessibilité et à proposer leur aide aux personnes en situation de handicap si besoin.

Leurs professeurs nous ont également remerciés pour l’organisation de cette sortie scolaire qui combinait habilement découverte du patrimoine lyonnais et sensibilisation à l’accessibilité.

Après nous être dit au revoir, le conducteur du car a déployé la rampe élévatrice du véhicule pour que Marine puisse rentrer à l’intérieur avec son fauteuil électrique. Cela a d’abord bien fonctionné mais le dispositif s’est ensuite bloqué et a refusé de se ranger dans son compartiment, empêchant alors de fermer les portes ! Le chauffeur a bataillé pendant presque quarante minutes avant de réussir la manoeuvre !

C’est hélas une situation classique à laquelle nous avons été confrontés tellement de fois que nous n’avons pas été surpris. Peut-être faudrait-il vérifier et entretenir plus régulièrement le matériel…

Heureusement pour nous et les élèves, cela aura été la seule ombre au tableau de la journée. Et tout comme eux, nous gardons un excellent souvenir de ces moments de partage, à la fois éducatifs, ludiques et citoyens. Nous en profitons pour les remercier de nous avoir donné leur accord pour apparaître sur les photos publiées dans notre article !

Cet article vous a donné des idées ? Vous aimeriez organiser une action de sensibilisation à l’accessibilité auprès de vos élèves ?

N’hésitez pas à nous envoyer une demande de renseignements par mail. Nous serions ravis d’échanger avec vous sur votre projet !

N’oubliez pas également de consulter notre guide de voyage PMR sur Lyon !

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