Alors que nous fêtons cette année le cinquantième anniversaire du premier pas de l’homme sur la Lune, et que l’on a de cesse d’envoyer des fusées et autres engins dans l’espace, un sujet est en mode stationnaire sur notre bonne vieille planète terre : l’accessibilité ! Depuis de trop nombreuses années, cette dernière semble s’être perdue dans l’espace intersidéral…

Depuis la première loi accessibilité de 1975, la loi handicap de 2005 et les Agendas d’Accessibilité Programmée (dits Ad’AP) de 2014 qui s’étendent de 2015 à 2024, du chemin a tout de même été parcouru. Pourtant, il reste encore beaucoup à faire, et force est de constater que les professionnels sont encore bien loin de faire la différence entre accessible et adapté. La nuance est pourtant de taille… intergalactique !

Car si la réglementation pose bel et bien les bases de l’accessibilité, elle ne peut être appliquée sans la coupler à la notion de confort d’usage ! On ne demande pourtant pas la lune ! lol

Allez, trêve de plaisanteries et de blagues cosmiques ! Montez à bord de notre fauteuil spatial, enfilez votre combinaison et fixez votre scaphandre ! Nous vous emmenons avec nous en exploration pour vous faire découvrir notre vision de l’accessibilité, dans cet incroyable article digne d’une odyssée !

1. Nos connaissances de la réglementation accessibilité handicap

On ne peut pas oeuvrer dans le milieu du handicap sans avoir un minimum de connaissances sur les lois, ne serait-ce que pour avoir un peu plus de légitimité lorsqu’il y a débat avec des professionnels. 

En effet, aux débuts de notre blog Handilol, nous ignorions tout de la réglementation accessibilité et des normes en vigueur.

Dès nos premiers voyages en fauteuil roulant, nous nous sommes retrouvés confrontés à des problèmes d’accessibilité, en particulier dans les hôtels.  Lorsque nous disions qu’une chambre n’était pas réellement adaptée à nos besoins, le responsable nous répondait toujours qu’il ne comprenait pas, qu’il avait déjà eu des clients en fauteuil pour qui ça s’était très bien passé, que l’architecte avait pourtant bien tout mis aux normes et que nous étions les premiers à nous plaindre.

A vrai dire, on nous tient encore le même discours aujourd’hui…

Mais la différence, c’est que nous connaissons la loi désormais! Et ça fait toute la différence. 

Au fil des années, nous avons souhaité approfondir nos connaissances, pour ne pas être de simples voyageurs qui partagent leurs expériences. Dire qu’un lieu est accessible ou pas en fauteuil, c’est bien. Argumenter ses propos en se basant sur la réglementation officielle, c’est mieux. D’autant plus lorsqu’il s’agit de faire face à un hôtelier peu scrupuleux. Et surtout si l’on veut faire comprendre que des aménagements sont nécessaires pour faciliter la venue de futurs voyageurs en fauteuil roulant !

La loi handicap du 11 février 2005 pour l’égalité des chances a apporté une base solide quant à la réglementation accessibilité. Nous avons suivi plusieurs formations sur le sujet et à titre personnel, je suis évaluateur pour la marque d’Etat Tourisme & Handicap depuis 2015, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Alors que je n’étais confronté qu’au handicap moteur de mon frère, cela m’a permis de mieux appréhender les besoins des personnes en situation de handicap auditif, mental et visuel. Plusieurs fois par an, j’audite des établissements touristiques pour évaluer leur degré d’accessibilité pour les quatre types de déficiences. C’est le meilleur exercice qui soit pour entretenir et mettre en pratique ses connaissances !

Parallèlement, nous participons tout au long de l’année à des groupes de travail auprès des collectivités territoriales et d’associations locales et nationales, afin d’améliorer l’accessibilité sur différents projets (voirie, transports, ERP, projets urbains, culture). Pour en savoir plus, vous pouvez consulter cet article sur notre association et ses actions.

2. La notion de confort d’usage : une question de bon sens, pour tout le monde !

​Je suis pour qu’il y ait une réglementation officielle sur l’accessibilité en France. Il faut poser des bases. 

Cela est important car sinon chacun ferait à sa façon et certains professionnels ne feraient rien du tout. 

Mais les normes ne font pas tout, d’autant plus dans le monde du handicap. Chaque individu est différent et deux personnes en fauteuil roulant n’ont pas les mêmes besoins ! Sans oublier qu’il y a des fauteuils roulants manuels et des fauteuils roulants électriques, parfois plus imposants !

C’est pourquoi nous attachons une grande importance à la notion de confort d’usage pour tous. Notre expérience en tant qu’usager en fauteuil électrique, mais aussi en tant qu’aidant familial, nous permettent d’aller au-delà des normes réglementaires.

En juin 2019, nous avons fait la connaissance de Gérard Thiévenaz, chargé de développement pour l’agence alpine des territoires AGATHE en Savoie.  Il a participé à la réalisation du guide du confort d’usage, très détaillé, que nous vous invitons vivement à consulter.

Selon sa définition, le confort d’usage concerne tout le monde : adultes, personnes âgées, parents avec poussette, enfants, professionnels, personnes handicapées, étrangers… tant au niveau des habitants que des touristes. 

C’est une démarche qualité universelle qui place l’usager au coeur des préoccupations du porteur de projet. Pour ce dernier, ce n’est pas une contrainte mais de simples éléments de bon sens à prendre en compte.

Cette démarche apporte une approche plus ouverte de la loi de février 2005.

L’accessibilité n’est pas qu’une question de handicap.

Tout est dit !

En parlant de bon sens, regardez l’image qui suit. Il s’agit d’une salle de bain dans une chambre PMR. Le miroir au-dessus du lavabo, de taille assez réduite, a été abaissé pour les personnes en fauteuil roulant. Celui qui l’a posé aurait pu penser aussi aux accompagnateurs, pas nécessairement de petite taille, comme cela est mon cas : je mesure 1,83m ! Mais bon, pour une fois que Rudy pouvait se voir dedans et se faire beau, on ne va pas se plaindre ! Car d’ordinaire, les miroirs sont plutôt positionnés trop haut. A bon entendeur !

3. Mise en pratique du confort d’usage

​3.1 Les toilettes

Nous adorons auditer des hébergements avec des installations à l’attention des personnes à mobilité réduite. C’est peut-être même ce que nous préférons faire, en particulier lorsqu’il s’agit d’auditer la salle de bain et… les toilettes !

Cela fait toujours sourire quand nous le disons mais il est tellement rare de trouver des sanitaires adaptés à 100% !

En effet, nous nous sommes retrouvés plusieurs fois dans des lieux dits accessibles, dans lesquels Rudy n’a pu ni prendre sa douche, ni aller sur les toilettes… Vous pouvez retrouver quelques-unes de nos expériences malheureuses sur notre page Facebook.

Par ailleurs, lorsqu’ils aménagent un lieu, les professionnels se focalisent sur l’accessibilité pour la personne en fauteuil au détriment de celle pour son accompagnateur. Par exemple, si les toilettes sont placées trop près du lavabo et que je suis l’aidant de mon frère, je vous assure que j’ai parfois bien du mal à le transférer depuis son fauteuil jusque sur les wc, lorsque le bord du lavabo à angle droit se trouve juste derrière mon dos… Une douleur dont je me passerais volontiers ! D’ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur le rôle des aidants, lisez notre article Aidants familiaux : les super héros du quotidien !

Allez, on vous partage des photos de la salle de bain de notre auberge de jeunesse préférée à Barcelone !

3.2 Les sièges de douche

Lors des travaux d’aménagement de leur établissement, les professionnels font parfois appel à un architecte qui leur assure maîtriser parfaitement les normes d’accessibilité handicap. Mais rappelez-vous que deux utilisateurs en fauteuil n’ont pas les mêmes besoins !

Un exemple flagrant est le siège de douche escamotable que l’on trouve régulièrement dans les douches des hôtels. Il faut savoir qu’à la base, l’entreprise qui l’a conçu ciblait les seniors à mobilité réduite mais pas en fauteuil roulant. Certes, ce siège fixé au mur peut convenir à des personnes en fauteuil roulant manuel. Mais il y a peu de chance que ce soit le cas des utilisateurs de fauteuil électrique, pour différentes raisons :

  • la largeur d’assise de 35 cm est trop petite. Il faudrait 40 cm au minimum ;
  • l’assise est bombée vers le haut. Il serait préférable qu’elle soit incurvée par souci de confort et d’équilibre ;
  • la profondeur d’assise est de 38 cm ce qui est trop peu. Lorsqu’on se positionne en fauteuil roulant sur le côté pour se transférer, l’assise du fauteuil est alors plus en avant que l’assise du siège de douche, ce qui oblige à faire un transfert en diagonale vers l’arrière. Pour l’aidant familial que je suis, c’est très compliqué, et d’autant plus en sens inverse une fois que la douche a été prise et qu’il y a de l’eau de partout… Risque de glissade assuré!
  • L’assise est composée de 4 lattes et d’un espace important entre la latte avant et le devant du siège. Messieurs, attention de ne pas vous coincer les bijoux de famille dans cet espace ! En transférant Rudy sur ce siège, cela est déjà arrivé plusieurs fois que je lui fasse mal involontairement… Je peux vous assurer qu’il m’a bien maudit le temps que la douleur s’estompe, le pauvre ! ;
  • Il n’y a pas d’accoudoirs relevables, ce qui n’assure pas l’équilibre des personnes qui n’en ont pas.

Avis aux professionnels de l’hôtellerie ou d’établissements qui ont des sanitaires adaptés : si vous optez pour ce siège de douche, nous vous suggérons fortement de prévoir en plus une chaise de douche médicale que vous pourrez mettre à disposition à la demande.

Là encore, il existe différents modèles de chaises de douche, les plus perfectionnées étant les fauteuils roulants de douche avec découpe intime et seau. Les prix avoisinent les 300€ au minimum à l’image de la chaise de douche percée Rotterdam en vente sur le site de notre partenaire Tous Ergo. Nous comprenons que le coût puisse être un frein financier : si tel est le cas, vous pouvez opter pour une chaise de douche percée à pieds fixes comme le modèle Pico Commode Invacare ou Aquatec Sorrento Invacare dont le prix est de 100 € environ.

Les éléments suivants sont primordiaux :

  • Pieds fixes antidérapants ;
  • Assise large avec découpe intime ;
  • Dossier ;
  • Accoudoirs relevables ;
  • Hauteur d’assise réglable.

Si vous n’avez pas les moyens financiers d’acheter une chaise de douche, renseignez-vous auprès des sociétés de matériel médical situées à proximité de votre établissement. Il y en a forcément une qui peut assurer la location et la livraison si besoin. Ainsi, le jour où vous aurez un client qui vous demandera une chaise de douche, vous aurez déjà le bon contact à lui donner et il vous sera très reconnaissant pour ce gain de temps !

Mais si vous pouvez acheter directement cette chaise, c’est quand même mieux ! Peu de vos concurrents penseront à faire de même. C’est donc un moyen facile de vous démarquer et de montrer l’intérêt que vous portez à vos clients à mobilité réduite. Vous savez ce qu’on dit : un client satisfait parle toujours de ses bonnes expériences à son entourage. Vous avez tout à gagner. 

3.3 La suite… prochainement !

Il y aurait encore plein de choses à raconter sur le sujet…

Cet article n’en est certainement qu’au début de son odyssée cosmique (rappelez-vous de l’introduction !).

Aussi, nous ne manquerons pas de le compléter au fil de nos voyages, de nos rencontres et de nos péripéties.

A suivre !

Avis aux professionnels ! Lorsque vous aménagez votre établissement, vous l’aurez compris : il faut vous baser sur la réglementation accessibilité ET le confort d’usage ! Pour cela, référez-vous à la documentation officielle que nous avons mise en lien au bas de notre page le coin pratique pour les pros. Vous pouvez aussi faire appel à des associations d’usagers en situation de handicap, comme la nôtre. Ainsi, vous serez assurés d’avoir fait le maximum !

Et rappelez-vous : le confort d’usage n’est pas réservé aux personnes en situation de handicap, il s’agit de bon sens pour tout le monde ! Nous comptons sur vous pour montrer l’exemple !

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2 Commentaires

  1. Pellegrino

    Je suis assez d’accord. Pour moi accessibilité rime avec autonomie aussi. La personne doit pouvoir faire seule si elle le souhaite. Il y a eu un nouveau cinéma à Nice. Une porte très lourde pour entrer, deux aussi pour accéder aux salles… et également deux pour se rendre aux toilettes… Certes elles sont jolies mais même pour moi qui pousse un fauteuil c’est
    lourd !!! L’accessibilité c’est une loi, j’espère que cela deviendra un état d’esprit.

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  2. Waurzyniak

    Très bon article
    J’ajouterai que les sièges de douche doivent avoir une assise rembourrée pour éviter l’apparition d’escarres

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