Prendre l’avion en fauteuil roulant, vaste sujet ! Pour la grande majorité des voyageurs qui utilisent ce mode de transport, la question principale est de savoir comment vaincre ses peurs lorsqu’on n’est pas à l’aise dans les airs. Mais pour les voyageurs en fauteuil roulant, le souci numéro un est de savoir s’ils retrouveront leur fauteuil roulant en un seul morceau dans l’aéroport d’arrivée !

Pour être honnêtes, nous avons eu nous aussi beaucoup d’appréhension la première fois que nous avons pris l’avion avec le fauteuil roulant électrique de Rudy. Heureusement, tout s’est bien passé. Notre précieux compagnon de route était entier dans la salle des bagages !

Toutefois, quelques années plus tard et avec une cinquantaine de vols au compteur, nous sommes au regret de constater que prendre l’avion en fauteuil roulant n’est toujours pas un moment aussi agréable qu’il devrait l’être.

Entre le processus de réservation des billets, l’enregistrement le jour J ou encore l’assistance PMR à l’aéroport, nous déplorons le manque de sensibilisation et de professionnalisme des différents intervenants.

Alors, en attendant qu’un jour le sort des personnes lourdement handicapées soit réellement pris en compte pour pouvoir prendre dignement l’avion, nous prenons sur nous. Ou plutôt Rudy prend sur lui ! Personnellement, j’ai du mal. Je suis toujours le plus stressé à l’idée de ce qui va bien pouvoir encore nous arriver. Mais s’il y a bien une chose que nous souhaitons vous dire, c’est celle-ci : ne vous privez pas de voyager en avion avec votre fauteuil roulant !

Avec de l’organisation, en anticipant bien les choses, et en prenant les choses avec un peu de recul (conseil à mon attention !), nous vous assurons que vous pourrez vous aussi aller à l’autre bout de notre belle planète !

Pour cela, nous avons pris le temps de rédiger ce long article, de mentionner les principaux textes de la réglementation aérienne et de détailler toutes les étapes d’un voyage un avion en fauteuil roulant. Nous avons même écrit un point entier à l’attention des professionnels de l’aviation pour leur suggérer des pistes d’amélioration !

Bonne lecture et surtout, bons vols !

Note : par souci de transparence, nous vous informons que cet article n’est pas sponsorisé.

Rudy sur son fauteuil électrique devant l'entrée de l'aéroport international d'Athènes en Grèce
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1. Transport aérien : les droits des passagers à mobilité réduite

En France et dans l’Union européenne, il existe un document de référence pour les passagers à mobilité réduite qui prennent l’avion. Il s’agit du règlement n° 1107/2006 du Parlement européen et du Conseil du 5 juillet 2006.

Ce règlement impose depuis 2008 que les personnes à mobilité réduite bénéficient d’un droit d’assistance dans les aéroports et à bord des avions européens, sans majoration du prix de leur billet d’avion.

Personne ne peut vous refuser une réservation ou l’embarquement en raison de votre handicap ou de votre degré de mobilité. Les seules exceptions possibles concernent des éventuelles questions de sécurité, fixées par une réglementation nationale ou internationale, ou une impossibilité technique telle que l’exiguïté de l’avion. 

En matière de sécurité, les compagnies aériennes ont à respecter en parallèle le règlement (UE) n°965/2012 relatif aux opérations aériennes (dénommé AIR OPS dans la profession). Ce règlement définit des catégories spéciales de passagers (« SCP », pour special categories of passengers) dont font partie les personnes handicapées à mobilité réduite (dites PHMR). L’AIR OPS interdit, en particulier, que ces passagers soient placés sur des sièges situés près des issues de secours.

L’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) a complété ce règlement par des critères d’appréciation pouvant être pris en compte par les compagnies aériennes. Quatre critères figurent au CAT.OP.MPA.115 (c) :
• le type d’avion et sa configuration cabine ;
• le nombre total de passagers transportés ;
• le nombre de SCP transportés, qui ne doit pas excéder le nombre de passagers capables de les assister en cas d’évacuation ;
• tout autre facteur à apprécier par la compagnie aérienne et pouvant avoir un impact sur l’application des procédures d’urgence par les membres d’équipage. 

La présence de PHMR doit être signalée au commandant de bord et les compagnies aériennes ont des interprétations plus ou moins souples de la réglementation AIR OPS. Par conséquent, les compagnies peuvent avoir des consignes internes qui leur sont propres mais qui sont méconnues des passagers handicapés à mobilité réduite.  La réglementation ne pouvant pas être plus prescriptive, un flou subsiste sur la manière de l’appliquer, lié essentiellement à la façon d’anticiper la demande et de la traiter.

Si vous n’avez encore jamais pris l’avion en fauteuil roulant, ou si vous souhaitez en savoir plus sur la réglementation européenne, nous vous invitons à regarder la vidéo explicative qui suit (durée :  4 minutes 38).

2. Comment acheter un billet d’avion quand on est en fauteuil roulant

2.1 Contacter la compagnie aérienne

Ça y’est, vous avez trouvé vos billets d’avion et vous êtes prêts à les acheter ?  Stop ! Avant de sortir votre carte bancaire, prenez une dizaine de minutes pour appeler le service de la compagnie dédié aux passagers en situation de handicap.

Si vous souhaitez voyager en fauteuil manuel, ce dernier pourra être plié et transporté facilement. En revanche, il convient de vérifier plusieurs détails si vous partez en fauteuil électrique, notamment s’il rentre dans la soute de l’avion. Il nous est arrivé plusieurs fois de changer de compagnie car la soute était trop petite pour faire rentrer notre fauteuil ! De plus, il existe de nos jours de multiples modèles de fauteuils roulants : seule la compagnie aérienne pourra vous certifier que vous pourrez voyager avec votre fauteuil ou non.

Au téléphone, indiquez les informations suivantes :

  • Les références des vols que vous souhaitez prendre ;

  • Les dimensions de votre fauteuil (hauteur, largeur et profondeur) et son poids ;

  • Le type de batterie : inversable (batteries sèches ou au lithium) ou non inversable (batteries humides). Les batteries sèches (ou gel) peuvent être transportées en soute sans restriction. Il faut juste pouvoir débrancher électriquement le fauteuil et le mettre en mode manuel.
    Les batteries lithium-ion sont autorisées seulement si leur capacité ne dépasse pas la puissance de 300Wh. Si l’appareil possède deux batteries, elle ne doivent pas dépasser 160Wh chacune. Elles doivent être transportées en cabine.
    Les batteries humides peuvent être transportées mais sous certaines conditions.

  • Toute information utile liée à votre handicap et à vos besoins spécifiques : traitement médical, appareil respiratoire, nécessité de voyager avec une coque ou d’être accompagné de votre chien d’assistance…

​Sur les vols partant de l’Union européenne, les compagnies aériennes doivent transporter gratuitement votre équipement médical et un maximum de deux pièces d’équipement de mobilité, tel que fauteuil roulant, béquilles, etc… Demandez si un surcoût sera appliqué au matériel que vous emmènerez en plus. Si vous avez une jambe dans le plâtre, faites-vous préciser s’il vous faut réserver un deuxième siège et si un supplément s’applique.

Enfin, si vous souhaitez voyager seul(e), demandez si vous êtes autorisé(e) à le faire sans accompagnateur. La réglementation impose ce dernier (qui doit être âgé de plus de 16 ans et physiquement capable de vous porter assistance en cas d’urgence) si la personne en situation de handicap se trouve dans l’un des cas suivants :

  • Si elle n’est pas capable d’attacher et de détacher sa ceinture sans assistance.

  • Si elle ne peut rejoindre la sortie de secours sans assistance en cas d’urgence.

  • Si elle ne peut récupérer et ajuster son gilet de sauvetage, ou enfiler un masque à oxygène sans assistance.

  • Si elle a besoin d’assistance aux toilettes, pour s’alimenter ou pour prendre des médicaments.

  • Si elle n’est pas capable de comprendre les instructions données par le personnel de bord. 

Rubriques assistance PMR des principales compagnies aériennes en France et en Europe : 

 

Pour trouver les informations relatives à l’accessibilité d’autres compagnies aériennes, tapez les mots-clés suivants dans un moteur de recherche : « assistance pmr + nom de la compagnie aérienne ».

Aéroport de Barcelone. Vue sur un avion et un ambulift, appareil muni d'un élévateur pour monter les personnes en fauteuil roulant à bord.
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2.2 Acheter ses billets d’avion et réserver l’assistance PMR

Une assistance à l’aéroport doit toujours être réservée 48h au plus tard avant votre vol. Nous vous recommandons de le faire au plus tôt, dès l’achat de vos billets. Certaines compagnies disposent d’un service spécifique, comme Air France avec le service Saphir. Il est alors possible d’acheter ses billets directement au téléphone avec son interlocuteur, et de réserver l’assistance PMR en même temps.

Avec d’autres compagnies, comme EasyJet que nous empruntons régulièrement, il faut acheter ses billets sur le site Internet. Une fois le paiement effectué, on peut ensuite cocher la case correspondant à la demande d’une assistance spécifique à l’aéroport. 

Dans la mesure du possible, choisissez un vol direct sans escale.

Trois types d’assistances existent pour les personnes à mobilité réduite, identifiées par un code international pour chacune :

  • WCHR : La personne peut emprunter des escaliers et se déplacer mais a besoin d’être en fauteuil pour parcourir de longues distances. L’accompagnement se fait jusqu’au terminal. 

  • WCHS : Le passager peut se déplacer sur de courtes distances mais ne peut pas emprunter d’escaliers. L’accompagnement se fait jusqu’à l’entrée de l’avion.

  • WCHC : Le passager a un handicap lourd et a besoin d’assistance pour embarquer, débarquer ainsi que d’une chaise roulante pour se déplacer dans la cabine. L’accompagnement se fait jusqu’au siège. 

Conservez bien vos billets d’avion ainsi que vos justificatifs de demande d’assistance dans vos mails !

Note : D’après la réglementation de 2006, il est aussi possible d’arriver à l’aéroport sans avoir réservé d’assistance. L’aéroport fera alors tout son possible pour fournir ce service, selon la disponibilité du personnel le jour J.

Toutefois, nous vous demandons expressément de ne pas le faire :

  • D’une part, vous courrez le risque qu’il y ait déjà beaucoup de prises en charge à ce moment-là et que la vôtre ne se passe pas dans les meilleures conditions. Autant éviter du stress inutile !
  • D’autre part, en arrivant à l’improviste, vous perturberez l’organisation du service d’assistance, au détriment des autres passagers ayant fait la demande d’assistance en bonne et due forme. Sachant qu’il faut au minimum deux agents par personne aidée et un bon quart d’heure pour monter à bord de l’avion selon la configuration de l’aéroport, les agents peuvent vite se retrouver surchargés face à une demande imprévue d’assistances alors qu’ils ne sont pas en nombre suffisant pour les assurer. Ils risquent alors d’être sous pression et de faire leur travail plus vite, au détriment de la qualité des prestations. Personne n’est gagnant.

2.3 Les pièces justificatives

Pensez à réunir des justificatifs pour le jour du vol : vous voyagerez plus serein et pourrez attester facilement de vos droits. Nous vous conseillons d’avoir sur vous une version papier, ainsi qu’une version numérique sur votre smartphone. Avoir une version en anglais des documents peut s’avérer utile à l’étranger. Dans tous les cas, faites-vous préciser les documents à avoir en votre possession lors de votre appel à la compagnie aérienne.

  • Fauteuil roulant électrique : demander au fabricant ou à votre revendeur un certificat qui atteste de la composition de votre fauteuil avec la marque, le poids et en particulier le type de batteries. Pour ces dernières, c’est la question qui revient systématiquement lors des contrôles à l’aéroport.

  • Matériel médical : certificat médical du médecin attestant du caractère indispensable de votre matériel.

  • Traitement médical : lettre ou prescription du médecin avec le nom des médicaments et leur usage.

  • Chien d’assistance : pièce d’identité officielle + tout élément demandé par la compagnie au moment de la réservation.

    Hall de l'aéroport de Copenhague
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    3. Déroulé de la prise en charge à l’aéroport

    3.1 Enregistrement au guichet

    Il est recommandé de vous présenter à l’aéroport 2h avant votre vol. Signalez votre arrivée à l’un des points de contact mis à votre disposition. Il peut s’agit d’une borne d’accueil, d’un bureau d’accueil ou du comptoir d’enregistrement de la compagnie aérienne avec laquelle vous voyagez.

    Personnellement, nous avons pour habitude de nous rendre directement au guichet de la compagnie. C’est d’autant plus pratique qu’il y a toujours une file prioritaire réservée aux passagers ayant besoin d’une assistance. Pour procéder à votre enregistrement, la personne au guichet va remplir un formulaire pour le transport du fauteuil en indiquant les informations suivantes :

    • Le type de fauteuil (manuel ou électrique) ;
    • La marque du fauteuil ;
    • Le type de batterie et comment désactiver cette dernière le temps du vol.

    On vous demandera parfois un certificat du constructeur pour vérifier les informations données oralement. Cela nous est arrivé dans les aéroports de quelques villes européennes.

    Une étiquette sera apposée sur votre fauteuil, au même titre qu’un bagage qui part en soute. La personne au guichet va ensuite prévenir le service d’assistance que vous êtes là et vous demandera de patienter dans un espace dédié en attendant qu’un agent arrive.

    3.2 Responsabilité de la compagnie aérienne

    La Convention de Montréal de 1999 a pour but d’unifier certaines règles relatives au transport aérien international. Elle s’applique à tout transport international de personnes, bagages ou marchandises, effectué par aéronef contre rémunération. Elle est entrée en vigueur le 28 juin 2004 à l’égard des États membres de l’Union européenne.

    L’article 18.1 de la convention indique ceci : 

    « Le transporteur est responsable du dommage survenu en cas de destruction, perte ou avarie de la marchandise par cela seul que le fait qui a causé le dommage s’est produit pendant le transport aérien. » 

    Cela signifie qu’à partir du moment où votre fauteuil est pris en charge à l’enregistrement, la compagnie aérienne en est responsable et devra vous indemniser en cas de perte ou de casse.

    Attention : la responsabilité du transporteur est limitée à la somme de 1 000 DTS par passager, sauf déclaration spéciale d’intérêt (voir cet article). Concrètement, cela signifie que votre fauteuil roulant est considéré comme un bagage et que si vous percevez une indemnisation, cette dernière sera du montant maximum accordé aux bagages, et non pas égale au prix d’achat du fauteuil roulant ! Si 1000 DTS = 1000€, alors vous serez indemnisé à hauteur de 1000€ maximum SAUF si vous faites une déclaration spéciale d’intérêt au moment de l’enregistrement.

    DTS signifie Droit de Tirage Spécial. En anglais, on parle de SDR pour Special Drawing Rights. C’est un actif de réserve international créé en 1969 par le Fonds Monétaire International (FMI). Depuis le 1er octobre 2016, la valeur du DTS repose sur un panier de cinq grandes devises : le dollar des États-Unis, l’euro, le renminbi chinois (RMB), le yen japonais et la livre sterling. La valeur du DTS est déterminée quotidiennement et affichée sur une page dédiée du site Internet du FMI.

    Vous devez faire la déclaration spéciale d’intérêt au guichet d’enregistrement de la compagnie, au moment de votre enregistrement. Cela vous permet de déclarer la valeur exacte de votre fauteuil (prévoyez une copie de la facture d’achat) pour que la compagnie puisse vous indemniser de manière plus importante que ne l’autorise son plafond. Cette déclaration peut être soumise au paiement éventuel d’une somme supplémentaire (voir article 10.2.3 des conditions générales de transport d’Air France).

    Note : Même si chaque compagnie aérienne reste responsable des éventuels dégâts causés à un fauteuil, ce n’est pas son propre personnel qui le manipule. Elle sous-traite ce travail à une société d’assistance spécialisée, indépendante de l’aéroport. Ce sont donc les employés de cette société qui vont s’occuper de votre précieux compagnon. On entend parfois dans la presse des gros titres de type : « Fauteuil roulant cassé par la compagnie X ». Attention à bien faire la distinction ! C’est une société privée qui a maltraité le fauteuil. En revanche, c’est la compagnie X qui est tenue pour responsable et qui se doit d’apporter l’assistance nécessaire au passager à mobilité réduite.

    3.3 La douane et les contrôles de sécurité

    Après l’enregistrement, un agent de l’assistance viendra vous chercher pour passer la sécurité et vous emmener jusqu’à la salle d’embarquement. Cet agent vous demandera parfois de quitter votre fauteuil pour vous transférer dans un fauteuil de prêt appartenant à l’aéroport.

    Sachez qu’il est de votre plein droit de rester dans votre propre fauteuil jusqu’à la salle d’embarquement, même si l’agent vous dit le contraire. N’hésitez pas à le faire car votre fauteuil sera sans aucun doute bien plus confortable que celui de l’aéroport ! Toutefois, selon la configuration de l’aéroport, il peut arriver que cela ne soit pas possible.

    Concernant les contrôles, il n’est pas possible de franchir le portique de détection de métal en fauteuil roulant car il est trop étroit. On vous fera donc emprunter une porte plus large sur le côté, après vous avoir demandé de retirer vos effets personnel susceptibles de déclencher l’alarme : veste, manteau, sac et parfois même vos chaussures (sauf si elles sont orthopédiques).

    Précisez si vous portez une ceinture ventrale, une pompe à insuline ou un pacemaker et n’oubliez pas vos ordonnances et certificats en cours de validité.

    Plus classique, vous devrez déposer dans un bac les pièces métalliques comme vos clés, votre monnaie, votre ceinture, et dans un bac séparé les appareils électroniques tels que smartphones, ordinateurs portables, tablettes, appareils photo.

    Enfin, il ne faut pas transporter de liquides dans des contenants de plus de 100 ml, crèmes et aérosols inclus (sauf s’ils sont mis dans un sac plastique transparent disponible à l’entrée du poste d’inspection filtrage (« PIF » pour les intimes !).

    Lors du contrôle, les agents peuvent utiliser un détecteur portatif ou réaliser une fouille manuelle de vous-même et de votre fauteuil roulant. N’hésitez pas à les prévenir si vous ne pouvez pas bouger vos bras lorsqu’ils vous demanderont de les lever.

    Fauteuils roulants manuels de prêt pour circuler à l'intérieur de l'aéroport de Barcelone
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    3.4 Protéger son fauteuil roulant

    Si vous voyagez avec un fauteuil roulant pliable, il sera probablement placé avec vous dans l’appareil et vous n’aurez pas de souci à vous faire.

    Dans le cas d’un fauteuil électrique, il sera emmené en soute et traité comme un bagage, avec plus ou moins de précaution selon le personnel… Il peut s’avérer judicieux de protéger votre fauteuil en l’enveloppant de papier bulle et/ou de film plastique (protégez bien le joystick aussi). Auparavant, retirez les parties amovibles telles que l’appui-tête, les repose-pieds et le coussin anti-escarres : vous les emmènerez avec vous à bord, pour plus de sécurité.

    Une fois votre fauteuil protégé, apposez des étiquettes « Fragile » dessus ainsi qu’une notice d’utilisation facile, en français et en anglais, pour indiquer comment s’en servir. Air France propose sur son site Internet de jolies étiquettes bagage selon le type de fauteuil : n’hésitez pas à vous en inspirer !

    Par mesure de précaution, prenez des photos de votre fauteuil pour avoir une preuve de son état avant embarquement. Vous pouvez aussi demander à une personne qui voyage avec vous ou à un passager de réaliser une courte vidéo pour montrer qu’il fonctionne bien. On n’est jamais trop prudent !

    A noter que si vous souhaitez protéger votre fauteuil, il vous faudra alors demander à être transféré dans un fauteuil manuel de l’aéroport, pour pouvoir ensuite envelopper votre fauteuil. Personnellement, nous ne l’avons jamais fait et n’avons rencontré que deux incidents légers sur la totalité de nos vols. Mais tout peut arriver et il appartient à chacun de prendre ses précautions !

    3.5 Embarquement à bord de l’avion

    Les personnes à mobilité réduite sont les premières personnes à rentrer dans l’avion. Si vous êtes resté assis dans votre propre fauteuil électrique jusque là, c’est à ce moment que les agents de l’assistance vous porteront sur une chaise de transfert très petite et peu confortable. Rudy n’arrive pas à tenir ses jambes jointes et cette chaise n’a pas de sangle au niveau des jambes. Aussi, nous prévoyons toujours une ceinture ou une écharpe que nous attachons autour de ses genoux.

    L’embarquement idéal est lorsque la salle d’embarquement est reliée à l’avion par ce qu’on appelle une passerelle aéroportuaire. Il s’agit d’un couloir qui mène directement de la salle d’attente dans l’aéroport à l’intérieur de l’avion. Le sol est de plain-pied et les agents de l’assistance vous portent sur le fauteuil de transfert seulement au moment de franchir la marche à l’entrée de la cabine de l’avion.

    Rudy sur un fauteuil roulant manuel de prêt à l'aéroport JFK de New York. Comme il ne peut pas tenir ses jambes jointes, Rudy lui a noué une écharpe autour des genoux.
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    Lorsqu’il n’y a pas de passerelle aéroportuaire, les passagers sont conduits directement sur le tarmac. Pour monter à bord de l’avion, deux solutions s’offrent à vous, selon l’aéroport dans lequel vous vous trouvez et selon les disponibilités des équipes et du matériel :

    • Soit deux agents vous portent sur votre siège de transfert dans la montée d’escaliers qui va du tarmac au cockpit de l’avion (photo 1 ci-dessous) ;
    • Soit vous empruntez un véhicule appelé « ambulift » qui est muni d’une plateforme élévatrice. Nous aimons beaucoup ce dispositif qui est très pratique à l’usage ! (photo 2 ci-dessous).
    Rudy sur le tarmac de l'aéroport de Berlin. Il vient d'être porté depuis son fauteuil roulant sur un siège de transfert. L'assistance PMR va le faire monter dans l'avion.
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    Aéroport de Lyon. Rudy vient de monter à bord de l'ambulift avec son fauteuil roulant pour rentrer dans l'avion.
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    Il existe plusieurs modèles d’ambulift. 

    L’ambulift SideBull, breveté par Bulmor, a été développé en collaboration avec Lufthansa et constitue l’un des véhicules élévateurs les plus utilisés pour l’embarquement des passagers à mobilité réduite dans les aéroports d’Europe centrale.

    Voici la vidéo de présentation disponible sur la chaîne YouTube de l’entreprise, pour que vous vous rendiez compte de son fonctionnement et de son utilité.

    3.6 Placement à bord de l’avion

    La réglementation de l’Aviation Civile en matière de sécurité prévoit que les passagers aux besoins particuliers ne peuvent pas prendre place près des sorties de secours de l’appareil, ni occuper des sièges dans certaines zones de l’appareil.

    De plus, le règlement (CE) n° 8/2008 de la commission du 11 décembre 2007 indique au paragraphe OPS 1.260 b) que :

    L’exploitant s’assure que les passagers à mobilité réduite ne se voient pas attribuer des sièges ou n’occupent pas de sièges où leur présence pourrait :

    1) gêner les membres de l’équipage dans leurs tâches ;

    2) entraver l’accès à un équipement de secours ; ou

    3) gêner l’évacuation d’urgence de l’avion.

    Dans les faits, cela est sujet à interprétation. Selon les compagnies aériennes, il vous sera refusé d’être assis sur le siège le plus proche du couloir et on vous obligera à vous asseoir près du hublot. La raison invoquée est qu’il faut garantir la sécurité de tous les passagers en cas d’évacuation d’urgence de l’avion. Une personne à mobilité réduite assise près de l’allée centrale est donc considérée comme un obstacle qui entrave la circulation. Cela nous arrive régulièrement.

    Fait étrange avec EasyJet, cette interprétation des textes diffère selon le personnel de bord ! Ainsi, pour un même vol aller-retour, Rudy est parfois obligé d’être assis vers le hublot pendant le vol aller, alors que le personnel de bord du vol retour l’autorise à s’asseoir près de l’allée centrale sans aucun souci ! C’est incompréhensible.

    Nous sommes contre le fait d’être assis près du hublot car cela rend les transferts encore plus compliqués, aussi bien pour la personne à mobilité réduite que pour les agents de l’assistance. Dans ce cas, nous demandons au chef de cabine de faire preuve de compréhension, et lorsque cela ne marche pas, nous demandons à parler directement au commandant de bord (le pilote), car nous savons que c’est lui qui a le dernier mot. Généralement, nous obtenons gain de cause à condition d’accepter de prendre sur nous l’entière responsabilité de tout problème éventuel qui pourrait survenir pendant le vol.

    Sur les vols avec les grandes compagnies aériennes, le placement peut être défini au moment de la réservation de l’assistance. C’est le cas avec le service Saphir de la compagnie Air France. Vérifiez toutefois que le siège attribué ne comporte pas un accoudoir non relevable, ce qui empêcherait le transfert le jour J : c’est du vécu ! 

    Sur les vols EasyJet, le seul moyen de réserver un emplacement précis est de le faire au moment de la réservation, en payant un supplément plus ou moins important selon l’emplacement du siège.

    Rudy sur un fauteuil roulant manuel de prêt à l'aéroport JFK de New York. Comme il ne peut pas tenir ses jambes jointes, Rudy lui a noué une écharpe autour des genoux.
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    4. Déroulé du vol à bord de l’avion

    Selon votre destination, le vol va être plus ou moins long, et selon votre type de handicap, il sera plus ou moins éprouvant. Nous pensons notamment aux douleurs physiques que l’on a lorsque l’on reste trop longtemps assis dans la même position.

    Le personnel à bord est toujours bienveillant. Aussi, n’hésitez pas à le solliciter si besoin.

    Le principal problème selon nous est l’impossibilité d’aller aux toilettes, quand bien même ils sont annoncés accessibles, y compris sur l’A380 d’Air France : voir notre vidéo ici et notre photo ci-dessous. Techniquement, le personnel vous amènera une petite chaise roulante pour vous transférer dessus et vous conduire aux wc. Aucune assistance ne vous sera donnée à l’intérieur des wc. Ces derniers sont tellement petits qu’il est bien difficile de rentrer dedans avec la chaise et de se placer latéralement aux wc pour se transférer dessus. Seules les personnes pouvant effectuer quelques pas pourront y arriver.

    Si comme Rudy, vous ne pouvez pas du tout aller aux toilettes, il existe des accessoires qui permettent de recueillir l’urine, comme les étuis péniens pour les hommes. 

    Si vous avez des problèmes respiratoires, nous vous invitons à lire les conseils d’Antoine sur son blog Dépasser son handicap.

      Les wc pmr de l'avion A380 d'Air France sont dits accessibles en fauteuil roulant. Ils sont très étroits et il est impossible de se transférer latéralement.
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      5. Prise en charge dans l’aéroport d’arrivée

      Par mesure de sécurité, les personnes à mobilité réduite sont toujours les dernières à sortir de l’avion, après tous les autres passagers.

      Lorsque les agents du service assistance de l’aéroport arrivent, ils vous transfèrent de votre siège à la petite chaise de transfert qui permet de sortir de l’avion. Selon la configuration, vous emprunterez la passerelle aéroportuaire, vous descendrez les escaliers sur la chaise de transfert ou vous emprunterez l’ambulift, tout comme au départ.

      Si vous vous retrouvez quelques minutes dehors et qu’il pleut, il y a peu de chances pour que l’assistance ait une cape de protection à vous prêter. Aussi, soyez prévoyant et amenez-en une, ou un poncho par exemple !

      Vous retrouverez votre fauteuil roulant électrique soit à la sortie de l’avion, soit dans la salle où l’on récupère les bagages. Avant de vous transférer dessus, vérifiez que votre fauteuil roulant fonctionne parfaitement et que rien n’a été cassé pendant le vol.

      Si vous constatez la moindre anomalie, demandez à l’assistance de vous conduire au guichet des réclamations de la compagnie aérienne avec laquelle vous avez voyagé, afin d’établir un constat. Ainsi, toute réparation à venir en lien avec les dégâts occasionnés durant le vol seront pris en charge par l’assurance de la compagnie aérienne, dans les limites en vigueur (voir le point 3.2 de cet article). Vous pourrez également montrer si nécessaire les photos ou vidéos du fauteuil prises avant l’embarquement, afin d’appuyer votre déclaration.

      Rudy sur son fauteuil roulant électrique à l'aéroport de Lyon. Il est assis sur la sangle de transfert PMR Adapts.
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      6. Indemnisation en cas de retard ou d’annulation de vol

      Le Règlement européen CE n°261/2004 garantit des droits aux passagers aériens suite notamment au retard ou à l’annulation d’un vol. Une indemnisation est prévue à titre de réparation du préjudice subi, selon les circonstances et sous certaines conditions. 

      Attention : seules les compagnies aériennes européennes et les vols qui ont pour destination un aéroport situé au sein de l’UE sont concernés par cette procédure d’indemnisation vol annulé.

      6.1 Retard de vol

      A partir de 2 heures de retard à l’arrivée sur un vol d’une distance de moins de 1500 km, la compagnie aérienne doit proposer les services suivants : collations et boissons et deux appels téléphoniques ou emails. Idem à partir de 3h de retard pour un vol entre 1500 et 3500 km et à partir de 4h pour un vol de plus de 3500 km.

      Si le retard au départ est d’au moins 5 heures, et seulement si le passager renonce à son voyage, le passager est en droit de se faire rembourser son billet, et éventuellement de demander la prise en charge du vol retour vers son point de départ initial (dans le cas d’un vol au départ lors d’une correspondance).

      Lorsque vous arrivez avec plus de 3 heures de retard à votre destination finale, vous pouvez réclamer un dédommagement :

      • Jusqu’à 1 500 km : 250 € ;
      • Entre 1 500 km et 3 500 km : 400 € ;
      • A partir de 3 500 km : 400€ pour un vol au sein de l’UE, 600 € pour un vol entre l’UE et le reste du monde.

      La réclamation est recevable sous certaines conditions :

      • La compagnie aérienne doit être responsable du retard ;
      • Vous vous êtes présentés à l’heure à l’enregistrement (45 minutes avant le décollage au plus tard).

      Exemple de circonstances exceptionnelles qui n’incombent pas à la compagnie aérienne, à condition qu’elle ait bien pris toutes les mesures pour en limiter les effets : restriction de l’espace aérien, grève du personnel de l’aéroport, instabilité politique, risques pour la sécurité, conditions météorologiques extrêmes (brouillard, grêle, tempête ou fortes chutes de neige)…

      Note : en septembre 2014, la Cour de justice de l’Union européenne a défini l’heure d’arrivée d’un avion comme l’heure à laquelle la première porte de l’appareil s’ouvre et permet la sortie aux passagers.

      6.2 Annulation de vol

      Si vous êtes informé à la dernière minute que votre vol est annulé, vous pouvez choisir entre le réacheminement par un autre vol ou le remboursement du billet, seulement si vous renoncez à entreprendre votre voyage. 

      Vous disposez en plus du droit à indemnisation sous certaines conditions :

      • La compagnie ne vous a pas informé de l’annulation plus de 14 jours avant le vol ;
      • La compagnie n’a pas réussi à vous acheminer à l’aéroport d’arrivée à une heure comparable à celle initialement prévue ;
      • La compagnie doit être responsable de l’annulation, sauf circonstances exceptionnelles ;
      • Vous vous êtes présentés à l’heure à l’enregistrement (45 minutes avant le décollage au plus tard).

      Les montants de l’indemnisation sont identiques à ceux prévus pour un retard :

      • Jusqu’à 1 500 km : 250 € ;
      • Entre 1 500 km et 3 500 km : 400 € ;
      • A partir de 3 500 km : 400€ pour un vol au sein de l’UE, 600 € pour un vol entre l’UE et le reste du monde.

      Si votre vol est reprogrammé au lendemain, la compagnie aérienne doit vous proposer un hébergement ainsi qu’un transport aller-retour entre l’aéroport et l’hôtel.

      6.3 Faire une réclamation pour obtenir une indemnisation

      Les transporteurs aériens doivent informer les passagers de leurs droits. En cas de vol retardé au départ d’au moins deux heures, d’annulation de vol, ou de refus d’embarquement, une notice reprenant les règles d’indemnisation et d’assistance doit être présentée aux passagers.

      Effectuer les démarches pour obtenir gain de cause auprès d’une compagnie aérienne peut s’avérer une tâche complexe et chronophage. Vous pouvez vous faire aider par des sociétés spécialisées dans le domaine, telles que Indemnit’Air de UFC Que Choisir, Flighright ou Refundmyticket. La plupart se rémunèrent en prenant une commission sur l’indemnisation obtenue. En cas d’échec des démarches, le service n’est pas facturé.

      6.4 Faire une réclamation pour dommages et intérêts

      Si vous êtes victime d’un retard important ou d’une annulation de vol, vous pouvez demander une indemnisation complémentaire au titre des dommages et intérêts que vous pouvez percevoir pour la réparation du préjudice financier et éventuellement moral que vous avez subis : perte de vos acomptes en cas de location, vacances annulées…

      1. Adressez une réclamation écrite avec tous les justificatifs et le montant de votre demande à la compagnie concernée ;
      2. En cas de refus, saisissez la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) ou la Médiation Tourisme et Voyage.

      Pour plus de renseignements, vous pouvez consultez cet article sur le site du gouvernement français qui nous a servi de source : Que faire en cas de retard au départ, annulation d’un vol, refus d’embarquement ?

      Nouveau voyage handicap au Maroc pour Rudy du blog Handilol. Il pose en fauteuil roulant devant l'aéroport de Marrakech.
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      7. Nos suggestions d’améliorations aux aéroports, aux compagnies aériennes et aux sociétés d’assistance

      7.1 Formation du personnel aux guichets d’enregistrement

      • Très régulièrement, nous sommes confrontés à des agents qui n’ont encore jamais enregistré un passager avec un fauteuil roulant. Il leur faut alors appeler un collègue qui connaît la procédure, voire un responsable.

      • Lorsqu’il y a un formulaire spécial à remplir pour le fauteuil roulant, tous les agents ne connaissent pas son existence, où le trouver, ni comment le remplir. Comme nous voyageons souvent, il nous arrive de mieux savoir ce qu’il faut faire et remplir que le professionnel en face de nous, ce qui est un comble ! Mais nous tâchons de garder le sourire et notre patience, car le plus dur est à venir.

      7.2 Formation des agents de l’assistance

      • Faire suivre une formation théorique et pratique avec mise en situation auprès de personnes concernées, en faisant appel à des formateurs professionnels de la manipulation de personnes à mobilité réduite (handicap lourd) ainsi qu’à des associations pour aller au-delà du cours théorique. L’accent doit aussi être mis sur le rôle de l’aidant familial lorsqu’il y en a un, et qu’il convient de soulager dans ses tâches.
      • Lorsqu’un agent prête assistance à une nouvelle personne, il doit commencer par faire connaissance et lui demander si elle a des besoins spécifiques à prendre en considération. Par exemple, lui demander s’il est préférable de la manipuler en la portant d’une certaine manière plutôt qu’une autre.
      • Lorsque deux agents réalisent un transfert, ils ne doivent pas demander de l’aide à l’accompagnateur de la personne à mobilité réduite, s’il y en a un. Ce n’est pas son rôle. S’ils ne sont pas en nombre suffisant pour porter la personne, ils doivent appeler un troisième collègue en renfort.
      • Après avoir effectué un transfert, l’agent doit vérifier que les vêtements sont toujours correctement enfilés, en particulier le slip et le pantalon. Si ce n’est pas le cas, il doit demander à la personne si elle a besoin d’aide pour se rhabiller.

      • L’agent doit proposer son aide pour porter les bagages à main et les accessoires (repose-pieds du fauteuil roulant, rampe pliable portable…), notamment pour soulager l’accompagnateur de la personne à mobilité réduite qui a déjà son rôle d’aidant à assumer pendant tout le reste du voyage. Voir le point 4.3 de notre article sur les aidants familiaux.

      7.3 Passage de la salle d’embarquement à l’avion

      • Opter pour un modèle de chaise de transfert plus confortable pour rentrer dans l’avion. Nous voyons différents modèles selon les pays et certains ont des assises plus larges, ainsi que des repose-pieds plus grands pour éviter de toucher le sol. Il faudrait également ajouter une sangle au niveau des jambes, pour les personnes comme Rudy qui ne peuvent pas les tenir jointes naturellement. Cela facilitera le passage dans l’allée centrale de l’avion, pour ne pas se cogner contre les sièges situés de chaque côté. Enfin, revoir le positionnement des accoudoirs qui peuvent poser problème au moment du transfert.

      A ce sujet, nous vous invitons à regarder la courte vidéo de 5 secondes ci-dessous, que nous avons filmée à l’aéroport de Paris Charles de Gaulle en juin 2017, lors de notre départ pour New York avec Air France.

      Les agents de l’assistance n’ont pas réussi leur transfert du premier coup, et pour cause ! Le fauteuil de transfert aurait dû être positionné un peu plus en arrière par rapport au fauteuil électrique de Rudy.

      Par ailleurs, si les accoudoirs relevables pouvaient être positionnés derrière le dossier, ils ne gêneraient alors pas le transfert. Enfin, notons qu’un loupé de ce genre oblige les agents à une nouvelle manipulation, ce dont la personne à mobilité réduite se passerait bien. Dans le cas de Rudy, c’est un moment douloureux qu’il préfère vivre une fois et non deux.

      • Avoir à disposition une sangle de transfert pour porter plus facilement la personne à mobilité réduite depuis son fauteuil roulant vers le petit fauteuil de transfert.

      En mai 2022, nous avons acheté la sangle de la société américaine ADAPTS et elle nous a changé la vie ! C’est la première fois que Rudy n’a pas eu mal lors des transferts et même le personnel de l’assistance était ravi de l’utiliser.

      Pour en savoir plus sur cet équipement que nous considérons comme indispensable pour voyager en avion, lisez notre article de blog détaillé :

      Sangle de transfert PMR ADAPTS : prendre l’avion en fauteuil roulant devient plus facile !

      BON PLAN HANDILOL : bénéficiez d’une remise de 15% sur l’achat d’une sangle ADAPTS avec le lien présent dans notre article de blog !

      A noter que la compagnie aérienne EasyJet s’est associée début 2019 à un jeune entrepreneur qui a créé un modèle de sangle similaire, appelé Able Move. La tenue semble très bonne, notamment au niveau de la nuque, ce qui n’est pas le cas du modèle de la société américaine Inclusive Technologies.

      Enfin, l’entreprise BDK Enterprises commercialise quant à elle une sangle de portage, le TUK-‘N-KARI™, à un prix plus compétitif. 

      • Lorsqu’il n’y a pas de passerelle aéroportuaire pour accéder à l’avion, l’aéroport doit absolument acquérir un ambulift, voire plusieurs pour anticiper le nombre croissant de prises en charges simultanées.

      • Dans l’ambulift, prévoir des accessoires utiles. Par exemple, en cas de pluie, prévoir une cape ou un poncho pour protéger la personne de la pluie, ainsi qu’une bâche pour couvrir le fauteuil roulant. En effet, lorsqu’on part longtemps dans une destination ensoleillée et qu’on voyage léger, on ne sait pas forcément à l’avance que la météo sera humide à son retour… Et on n’aura généralement pas pensé à prendre des habits en conséquence !

      7.4 A l’intérieur de l’avion

      • Faire en sorte que toutes les compagnies aériennes laissent au passager en situation de handicap la possibilité de s’asseoir sur le siège le plus proche du couloir pour faciliter le transfert, et non pas vers le hublot. Il nous est de plus en plus insupportable de devoir parlementer avec le personnel de bord pour contourner cette soi-disant obligation, d’autant plus lorsque nous voyageons à trois et que nous sommes assis sur une rangée de trois sièges.
      • Les sièges doivent toujours comporter des accoudoirs relevables !
      • Acquérir un lève-personne pour transférer la personne à mobilité réduite depuis la petite chaise de transfert vers la place assise. Cela ne doit plus se faire manuellement car cela est douloureux, dangereux, parfois traumatisant voire vécu comme un moment indigne pour la personne en situation de handicap (voir cet article en anglais). Pour les agents de l’assistance, cela est très difficile de réaliser ce transfert dans un espace aussi confiné et ils encourent de graves risques pour leur dos.

      La société australienne Haycomp a mis au point plusieurs modèles de lève-personnes appelés Eagle. Il faudrait que leur usage se généralise et que chaque aéroport en dispose d’un. Nous avons bien conscience que ce matériel a un coût important, avoisinant les 15 000 $ d’après cet article trouvé sur la toile. Toutefois, nous ne pensons pas que les aéroports aient besoin d’en acheter plusieurs. D’après ce rapport, paragraphe 2.1.3., 5 à 10% des passagers français en situation de handicap demandent une assistance totale car ils ne peuvent pas se mouvoir par eux-mêmes (passagers dits WCHC). L’acquisition d’un seul lève-personne par aéroport devrait donc suffire dans un premier temps pour permettre aux personnes avec un handicap moteur lourd de monter à bord de l’avion.

      Pour consulter la liste des aéroports qui disposent du lève-personne Eagle, utilisez le moteur de recherche présent sur la page dédiée du site internet de Haycomp.

      L’usage de l’Eagle n’étant pas systématique lors de l’assistance portée le jour du vol, il est demandé aux passagers qui souhaitent en bénéficier de le préciser au moment de la réservation de l’assistance. Il faut également dire si l’on emmène sa propre sangle. 

      Voici une vidéo de présentation officielle de ce lève-personne :

      • Construire des avions avec des toilettes adaptées disposant de suffisamment d’espace pour que la personne en fauteuil roulant et son éventuel accompagnant puissent se mouvoir à l’intérieur. Il faut absolument qu’il y ait un espace d’usage latéral d’au minimum 1,30m x 0,80m pour pouvoir se positionner en fauteuil sur le côté des wc, comme la réglementation accessibilité l’impose dans les établissements recevant du public. A défaut, si les avions étaient équipés d’un lève-personne, il serait alors possible d’utiliser ce dernier pour transférer la personne à mobilité réduite depuis sa place assise jusque sur les wc. A condition toutefois qu’il y a ait suffisamment d’espace devant les wc pour faire passer les pieds du lève-personne !

      Le constructeur aéronautique européen Airbus a mis au point des toilettes adaptées appelées Space-Flex. Il s’agit d’un bloc composé de deux toilettes classiques, séparées par une cloison mobile. L’équipage de bord peut reconfigurer les toilettes en enlevant la cloison mobile. Cela permet d’obtenir un espace d’usage latéral pour réaliser le transfert.

      Hélas, comme vous le verrez dans la vidéo de présentation ci-dessous à 2 minutes 30, cet espace reste très petit. Et dans le cas d’une personne qui a besoin d’un aidant pour effectuer le transfert, l’accompagnateur aura bien du mal à réaliser ce dernier.

      • Enfin, nous aimons penser qu’un jour, il sera possible de prendre l’avion en restant dans son propre fauteuil roulant, comme on le voit dans la vidéo ci-dessous. Le jour où cela sera généralisé, ce sera un rêve devenu réalité !

      MISE A JOUR MAI 2023

      Aux Etats-Unis, une proposition de loi appelée le « Mobile Act » est à l’étude pour améliorer l’accessibilité des avions aux personnes en situation de handicap.

      Les compagnies aériennes devront :

      • Mentionner clairement les dimensions de l’avion pour que les passagers, dont les fauteuils sont souvent faits sur mesure, donc sans taille standard, puissent se faire une idée de l’appareil dans lequel ils embarquent.
      • Mettre à disposition les données des incidents recensés ainsi que leur gravité pour aider les passagers à choisir au moment d’acheter leur billet.
      • Mener une étude sur la faisabilité et le coût des modifications des avions pour qu’un passager puisse embarquer dans l’avion directement sur son fauteuil.

      Si cette loi passe, nous espérons qu’elle sera reproduite à l’international !

      Source : France Info le 10 mai 2023

      7.5 Rapport d’étude

      Pour finir, nous aimerions vous partager le rapport d’étude de 2016 réalisé par le Conseil général de l’environnement et du développement durable. Il porte sur la prise en compte par le transport aérien du règlement européen n°1107/2006 concernant les droits des personnes handicapées et à mobilité réduite.

      Pour réaliser cette étude, la mission a envoyé des questionnaires aux 15 principaux aéroports français et a exploité les réponses reçues de 14 de ces aéroports, représentant 92 % du trafic passagers. Elle a également transmis un questionnaire aux 9 compagnies aériennes principales desservant la France et a obtenu une réponse de 4 compagnies aériennes (Air France, Lufthansa, easyJet et Hop), soit une photographie représentant 43 % du trafic passagers.

      Elle a rencontré ou s’est entretenue avec les services de la DGAC, de la Commission européenne, de l’ACI Europe, de l’UAF, de certaines compagnies aériennes et de certains aéroports.

      Si les conclusions de ce rapport sont relativement bonnes, des progrès restent à réaliser en terme de communication et de moyens techniques mis à disposition des passagers handicapés à mobilité réduite. Nous notons également que « les compagnies peuvent avoir des consignes internes qui leur sont propres mais qui sont méconnues des passagers handicapés à mobilité réduite.  La réglementation ne pouvant pas être plus prescriptive, un flou subsiste sur la manière de l’appliquer, lié essentiellement à la façon d’anticiper la demande et de la traiter. »

      Assistance PMR avec un ambulift pour monter à bord de l'avion à l'aéroport de Marrakech.
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      8. Sondage des lecteurs : prendre l’avion en fauteuil roulant, donnez-nous votre avis !

      Est-ce que prendre l'avion avec votre fauteuil roulant vous fait peur et vous procure du stress ?

      Si vous avez déjà voyagé en avion avec votre fauteuil roulant, comment qualifiez-vous votre expérience ?

      Votre fauteuil roulant a t-il déjà subi des dommages lorsque vous l'avez récupéré à l'aéroport d'arrivée ?
      Assistance PMR à l'aéroport de Bilbao. Rudy va être porté de son fauteuil électrique sur un fauteuil de transfert à l'assise très étroite.
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      Maintenant que vous avez fait le plein d’informations sur comment prendre l’avion en fauteuil roulant, nous espérons que vous êtes parés au décollage ! N’hésitez pas à nous partager votre expérience dans les commentaires.

      Quant aux professionnels de l’aviation, n’hésitez pas également à nous contacter s’il vous prend l’heureuse idée de créer le service ultime pour les voyageurs en situation de handicap ! Car vous l’aurez compris avec ce long article, les pistes d’amélioration sont nombreuses… Nous comptons sur vous !

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